Sommeil : le tabou entrepreneurial du XXIème siècle
Travailler ou dormir, comment trancher ?
7/15/20256 min read


Le sommeil est un des sujets les plus abordés avec mes clients : logique, moins on a de temps pour faire ce qu’on veut faire dans une journée, plus on va grignoter sur notre temps de sommeil, ô combien improductif.
« Monumentale erreur ! » comme dirait Schwarzenegger. Nous allons voir au cours de cet article un certain nombre de faits à propos du sommeil qui, j’espère, vous feront réfléchir à deux fois avant de repousser l’heure de votre coucher.
Il ne s’agit pas de faire des leçons de morale déplacées mais bien de vous donner les données les plus fiables possibles pour un avis éclairé.
Le paradoxe fondamental est le même que pour tout ce qui concerne notre gestion du temps : depuis les 50 dernières années, la productivité horaire par tête en France a triplé entre 1970 et 2021 (voir graphique ci-dessous). On est pourtant très loin d’avoir divisé par 3 notre temps de travail : c’est même l’inverse, on travaille collectivement encore plus qu’à l’époque, malgré cette hausse de la productivité horaire… et comme on travaille plus, on dort moins.
Premier gros problème autour du sommeil, qui justifie le tabou dont il est l'objet : on le voit comme synonyme de faiblesse « on dormira quand on sera morts », « 5h de sommeil et je suis frais comme un gardon », principalement parce que dormir semble éloigner de la productivité, donc de l’utilité sociale d’un individu. Sauf que le principe n’est pas aussi binaire – c’est même exactement l’inverse !
La réalité, c'est qu'être réveillé n’est pas automatiquement synonyme de productivité ou d’efficacité.
Quand on regarde les effets du manque de sommeil sur le cerveau, (comme par exemple dans cet article : https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=votre-cerveau-mange-manque-sommeil) on voit très vite certains problèmes auxquels les entrepreneurs et les dirigeants sont confrontés :
- capacité de décision réduite
- concentration réduite
- impatience, stress, irritabilité
Trois grandes tendances qui vont générer des erreurs allant de l’anodine à la stratégique, et qui vont freiner la croissance, ralentir les projets, et accentuer la pression sur les équipes et le dirigeant.
Pour rattraper le retard et les erreurs, que fait-on ? On aura envie de réduire davantage le temps de sommeil, parce qu’on n’a pas fait le rapprochement entre les erreurs faites au départ et le manque de sommeil.
A l’inverse, avec un temps de sommeil suffisant, c’est-à-dire dans la moyenne des humains, 8h par cycle de 24h qui permettent de couvrir trois cycles de sommeil complets en plus du temps d’endormissement et de réveil, on découvre d’autres effets :
- meilleure capacité de décision
- capacité de concentration optimale
- disponibilité
Trois grandes tendances qui vont générer des résultats palpables directement. Tout ça parce qu’on a dormi. Tout ça parce qu’on a misé sur l’utilisation intelligente de deux ou trois heures de plus à dormir, plutôt que de passer des journées et des semaines entières à résorber les conséquences d’une mauvaise décision.
La productivité n’est pas une donnée qui s’active ou se désactive selon qu’on est réveillé ou endormi, c’est une capacité qui demande un investissement réfléchi. Et comme pour tout investissement, il vaut mieux disposer de faits pour mieux décider. Le fait le plus indéniable est que le cerveau reposé est beaucoup plus productif et efficace qu’un cerveau fatigué.
Ceci, rajouté au principe qu’être occupé ne veut pas dire être productif, vous aurez tout intérêt à dormir davantage, faire moins de choses mais les faire beaucoup mieux. Mieux grâce à de meilleurs décisions, mieux grâce à une meilleure concentration.
Dans un article parmi d’autres de ses travaux (https://www.nature.com/articles/497S13a), le professeur Charles Czieler, spécialiste de la médecine du sommeil, accuse tout simplement le développement technologique de notre société comme étant le principal facteur de cette baisse du sommeil : lumières électriques en permanence, accès aux écrans et à l’information immédiate (sms, emails) nous éloignent de ce qu’on appelle notre cycle circadien naturel. Conséquences, l’Institut de Médecine estimait en 2013 de 50 à 70 millions d’américains (sur environ 300 millions) souffrant de problèmes de santé dus à un manque de sommeil, y compris des enfants, l’une de ces conséquences étant l’obésité désormais normalisée dans le pays.
La bonne nouvelle, et pour rester du côté des Etats-Unis sur ce sujet, c’est que le capital sommeil est depuis longtemps considéré par l’élite entrepreneuriale comme fondamental : c’est ce qu’écrivait Nancy Jeffrey déjà en 1999 ici à l’époque où Jeff Bezos commençait (un peu) à faire parler de lui. Nul doute qu’en matière de sommeil, il n’a pas changé ses habitudes : minimum 8 heures de sommeil par nuit, pour la garantie et la satisfaction d’une clarté d’esprit et donc d’efficacité dans ses décisions et ses actions.
Cette réalité concerne évidemment nos dirigeants : si Margaret Thatcher était réputée ne jamais dormir, comme Napoléon coté français, Bill Clinton aurait pour sa part admis que les pires erreurs de sa vie étaient dues à un manque de sommeil.
Mais comment, mais pourquoi ? C’est très simple.
Imaginons ce temps de sommeil comme le moment où notre cerveau fait le ménage de tout ce qui s’est produit dans la journée : toutes nos connexions synaptiques vont dépoussiérer ce qu’il faut dépoussiérer, ranger les informations aux bons endroits, et laisser la place à celles du lendemain.
Moins on dort, plus rapidement ce ménage devra être fait – ou sera interrompu en plein milieu, moins notre cerveau sera propre et en mesure de faire correctement son travail le lendemain.
Imaginez l’état de votre maison si à chaque fois que vous faisiez le ménage, vous disposiez de beaucoup moins de temps pour tout faire, ou que vous deviez vous interrompre avant la fin ? A quoi ressemblerait votre maison au bout d’un certain temps ? Voilà l’état de votre cerveau, d’un point de vue du traitement de l’information, après plusieurs nuits non complètes.
C’est pour cette raison que les nuits courtes et les nuits blanches ont un effet aussi désastreux sur la concentration et sur la prise efficace de décision, même si on peut croire être habitué.
Comme beaucoup de choses, bien dormir se planifie et s’anticipe. Voici donc tous les conseils que je peux vous recommander de suivre pour préparer au mieux cet ingrédient essentiel de votre productivité et de votre réussite :
- toute heure "dormie" avant minuit en vaut deux. Ce n’est pas exactement vrai : dormir de 20h à 00h ne vous donne pas l’avantage d’une nuit de heures, mais l’idée est de dire que moins vous êtes fatigués en allant vous coucher, moins la récupération sera difficile. Donc, couchez-vous le plus tôt possible.
- bannir définitivement les écrans de la chambre où vous dormez. Pas de télévision, pas d’ordinateur, pas de tablette, pas de téléphone, rien. Nada. Peau de zob, rien. Ce n’est pas une question de lumière bleue qui bousille le cerveau, c’est une question de luminosité des écrans qui dit à notre cerveau qu’il fait encore jour – chose confirmée par le Professeur Czeisler dans l’article mentionné plus tôt. Evidemment, si vous laissez un néon plafonnier allumé à la place, le résultat est le même : pour que le bannissement des écrans soit efficace, n’utilisez que des lumières basses.
- dans la logique du point précédent, coupez tout écran au gros minimum une heure avant de vous coucher, et privilégiez en dernière activité de la lecture, la préparation de vos affaires pour le lendemain, ou passez du temps en compagnie de votre meilleure moitié.
- pour accélérer l’effet récupérateur du corps, privilégiez des dîners le plus léger possible : moins le corps travaille à la digestion la nuit, plus il est rapidement reposé. Ceci vaut également pour l’alcool : un verre d’alcool met une à deux heures à être éliminé, donc, pour être frais et dispo le lendemain, rajoutez au minimum une heure par verre d’alcool à votre quota d’heures habituel. Dit autrement, s’il vous faut deux heures pour éliminer un verre et que vous en buvez quatre, une nuit de 8 heures vous fera le même effet qu’une nuit blanche !
Si un dirigeant aussi incontesté que Winston Churchill faisait la sieste tous les jours, y compris et surtout au plus fort du Blitz qui assaillait le Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre Mondiale, c'est bien parce qu'il savait que ses décisions seraient meilleures et plus profitables pour son pays, et non de la paresse qui forceraient les membres de son gouvernement à faire le travail à sa place. En faisant la sieste, il a participé à renverser le cours de l'Histoire.
Et si vous renversiez le cours de la vôtre, et dormiez un peu plus ?
Et si nous militions collectivement pour le droit au sommeil ?
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